Elisabeth Borne et Ambroise Méjean : « La réponse à la précarité des jeunes n’est pas le RSA »

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Pour la ministre du travail et le délégué général des Jeunes avec Macron, la généralisation de la « garantie jeunes », qui comprend un accompagnement vers l’emploi est une meilleure réponse.

La crise sanitaire et économique que nous traversons touche particulièrement la jeunesse : marché du travail sous tension, isolement, détresse psychologique, précarité… Face à l’urgence, le Gouvernement se tient à ses côtés.

Avec 7 milliards d'euros investis, le plan « 1 jeune, 1 solution » est d’une ampleur sans précédent. Avec ses primes à l’embauche et à l’apprentissage, il a permis d’obtenir des résultats inédits malgré la crise. En 2020, la France a dépassé la barre des 500 000 apprentis pour la première fois de son histoire et près d’1,2 million de jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés en CDI ou CDD de plus de 3 mois entre août et décembre, soit presque autant qu’en 2018 et 2019 à la même période.   

Mais nous devons continuer d’agir contre la précarité qui frappe notre jeunesse. C’est pourquoi nous défendons la généralisation de la Garantie jeunes plutôt que l’ouverture du RSA aux 18-25 ans.   

La raison est profonde. À 20 ans, on souhaite pouvoir tracer le chemin de son avenir. Bien sûr, les aides financières peuvent venir combler certains manques. Mais elles ne sont pas et ne doivent pas être une fin en soi. Aucun jeune en situation de précarité n’aspire à des prestations comme seul horizon. Il souhaite surtout pouvoir trouver une formation ou un emploi pour en sortir. Et c’est cet accompagnement que nous devons à chaque jeune.   

La réponse tient-elle dans un RSA Jeune ? Nous ne le croyons pas. Car le volet « insertion » qui devait être le pendant de ce revenu de solidarité a disparu. En 2019, plus d’un allocataire sur deux au RSA depuis moins de six mois ne bénéficiait pas d’accompagnement vers l’emploi. Ce n’est pas cet horizon que nous voulons donner à notre jeunesse. Car si le RSA ne joue plus son rôle d’outil d’insertion, il ne peut devenir facteur d’émancipation. Force est de constater que les défenseurs du RSA Jeune ferment les yeux sur cette réalité. Pourtant, notre jeunesse demande à s’en sortir durablement, pas qu’on lui permette uniquement de survivre.   

C’est pourquoi, à celles et ceux pour qui le RSA Jeune est devenu un réflexe pavlovien, nous répondons que nous avons mieux à proposer aux jeunes : la généralisation de la Garantie jeunes à toutes celles et ceux qui en ont besoin. Nous sommes convaincus qu’elle permettra de répondre à l’impératif d’offrir un soutien financier pour faire face à l’urgence, tout en proposant un véritable accompagnement humain vers l’emploi, pour permettre aux jeunes de devenir autonomes et de s’en sortir pour de bon.    

Car la Garantie jeunes, c’est avant tout un accompagnement personnalisé vers l’emploi pour les jeunes de 16 à 25 ans les plus en difficulté et les plus éloignés de l’emploi, et la possibilité concrète de trouver des débouchés professionnels : ateliers CV et entretien d’embauche, stages en mission locale, lien avec les entreprises… Mais c’est aussi une allocation pouvant aller jusqu’à près de 500€ par mois. Soit quasiment la même somme que demandent les partisans du RSA Jeune. Et ce sont également des missions locales, ancrées dans nos territoires, présidées par des élus locaux de tous bords, qui la mettent en œuvre. Mais surtout, la Garantie jeunes, ça marche : en 2020, plus d’un bénéficiaire sur trois a trouvé un emploi à sa sortie du dispositif, un résultat remarquable étant donné la situation du marché de l’emploi et les grandes difficultés dans lesquelles se trouvent bien souvent ces jeunes.   

 C’est pour cela qu’en novembre dernier, à la demande du président de la République, le Gouvernement a décidé d’en généraliser le principe à l’ensemble des dispositifs d’insertion du plan « 1 jeune, 1 solution » dédiés aux jeunes les plus en difficulté et aux jeunes à la recherche d’un premier emploi. Ainsi, chaque jeune, qu’il soit accompagné par Pôle emploi, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) ou une mission locale, peut bénéficier d’un accompagnement vers l’emploi et d’une rémunération pouvant aller jusqu’à 500€ par mois s’il en a besoin. Près d’un million de solutions de ce genre seront proposées aux jeunes en 2021.   

Et parce que nous croyons à ce dispositif, des travaux commenceront dès la fin du mois pour construire, sur cette base, une nouvelle logique d’accompagnement des jeunes vers l’emploi. Alors pourquoi nos oppositions s’entêtent-elles à refuser cette solution qui marche pour lui préférer un dispositif qui laisserait les jeunes dans la précarité ? Est-ce par pur dogmatisme que le Parti socialiste, qui, rappelons-le, avait imaginé la Garantie jeunes, lui préfère aujourd’hui une solution qui ne fonctionnerait pas ? 

Cette opposition de principe ne doit pas faire oublier la réalité. La Garantie jeunes marche et touche chaque jour plus de jeunes. Là où ils n’ont été que 372 000 à en bénéficier entre 2013 et 2019, ils seront 200 000 rien qu’en 2021. 

Depuis 2017, notre action est guidée par un objectif : permettre l’émancipation de chacune et chacun. Celle que permet d’abord l’école, puis le travail. C’est parce que nous voulons donner à chaque jeune la possibilité de choisir sa vie que nous ne pouvons-nous résoudre de proposer à notre jeunesse une simple allocation comme perspective. 

En disant non au RSA Jeune, nous disons oui à l’accompagnement vers l’emploi, oui à la rémunération quand elle est nécessaire, oui au projet d’une Garantie jeunes universelle ! 

Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion  

Ambroise Méjean, Délégué général des Jeunes avec Macron

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